Still Alice

Depuis Intouchables, obnubilés par le crash d'un avion et les actes terroristes qui frappent le monde, on en oubliait presque la maladie. C'est justement cette dernière que Still Alice nous fait redécouvrir au travers de l'histoire d'Alice, jouée par Julianne Moore, atteinte à 50 ans d'une forme rare d'Alzheimer précoce.

Still Alice

Sans conteste, on peut affirmer que Still Alice est un beau film. La réalisation est légère, lumineuse, colorée et rompt avec le dramatique de l'histoire tout en épousant par un jeu de flous la condition de l'héroïne. Condition dépeinte au travers de diverses situations dans lesquelles Alice fait face aux changements que subit sa mémoire. Elle se perd dans des lieux connus, elle oublie des mots alors même qu'elle est une linguiste renommée, ... On insiste aussi beaucoup sur ses changements physiques, la dépeignant au commencement comme une femme sportive, active, très New-Yorkaise pour la faire dériver au fil du film vers une Alice faible, les cheveux en bataille, de plus en plus immobile et de plus en plus perdue. Et autour d'elle, ses trois enfants et son mari se relaient, tentent de vivre tout en tachant de la faire survivre, elle, et ses souvenirs qui s’entremêlent, la ramenant vers son enfance avant de disparaître. A travers toutes ces situations, tous ces personnages, le spectateur développe une compassion, une peur aussi pour Alice et pour lui qui pourrait être touché par cette même maladie qui vous efface peu à peu. Pourtant, le spectateur ne pleure pas. Là réside le meilleur argument de l'oeuvre : Still Alice n'est pas un film larmoyant. On y trouve des situations à fendre le cœur comme des situations comiques et pas au dépend de l'héroïne qui se dégrade pourtant. En cela, on peut dire que Still Alice dépeint la réalité telle qu'elle nous semble pouvoir être. Ce qui est, malheureusement, aussi son plus grand défaut. Car la maladie, ce n'est pas ce que nous voulons voir. Tout autour de nous, dans la rue, dans le monde, chez nous, nous la voyons, nous la subissons, nous la vivons. Ce qu'on attend alors du cinéma ce n'est pas uniquement qu'il nous en parle, mais qu'il nous la fasse comprendre, qu'il nous aide à passer outre, qu'il nous aide à réfléchir dessus, bref, qu'il fasse de la maladie autre chose que ce qu'elle est. Still Alice en est incapable. Mais peut-être ne pouvons nous pas la blâmer entièrement cette Alice. Peut-être devons-nous voir que les mots parlent mieux de la maladie que les images, que les mots ont cette force que les images aussi puissantes soient-elles dans bien d'autres exemples n'ont pas, que le cinéma est impuissant face à cette condition. Le cinéma à ses limites, et il ne peut que nous montrer que nous ne sommes pas seuls. C'est bien. Ce n'est pas suffisant.

Que retenir alors, de Still Alice, qu'en sortir, qu'en faire ? Sa force, c'est de parler d'Alzheimer sans en mettre plus qu'il n'en faut. Sa seconde force, c'est l'oscarisée Julian Moore.

Alors, Still Alice n'est pas le film de l'année, mais Julianne Moore is still une superbe actrice.

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